Le code moral au judo
L’AMITIE
C’est le plus pur
des sentiments humains
LE RESPECT
Sans respect, aucune
confiance ne peut naître
LA SINCERITE
C’est s’exprimer
sans déguiser sa pensée
L’HONNEUR
C’est d’être fidèle
à la parole donnée
LA MODESTIE
C’est de parler de soi-même
sans orgueil
LE CONTROLE DE SOI
C’est de savoir se taire
lorsque monte la colère
LA POLITESSE
C’est le respect d’autrui
LE COURAGE
C’est de faire ce qui est juste
Les valeurs complémentaires… (toutes aussi importantes ! )
Le meilleur emploi de l’énergie
Dans sa pratique le judoka est à la recherche du meilleur emploi de l’énergie physique et mentale. Ce principe suggère l’application à tout problème de la solution la plus pertinente : agir juste au bon moment, utiliser la force et les intentions du partenaire contre lui-même.
Il incite à une recherche constante et dynamique de perfection.
Entraide et Prospérité mutuelle
En Judo, les progrès individuels passent par l’entraide et par l’union de notre force et de celle des autres. La présence du partenaire, du groupe est nécessaire et bénéfique à la progression de chacun.
Le grade du judoka est représenté par une triple valeur :
« SHIN », correspondant à la valeur morale,
« GHI », valeur technique,
« TAI », valeur corporelle.
Le « SHIN », cité en premier, donne seul le sens aux deux autres.
Jigoro Kano

Né le 28 octobre 1860, Kano débute le jujutsu (style tenjin shin yo) sous la direction de Fukuda Hachinosuke en 1877, à l’âge de 18 ans. Diplômé de l’Université de Tokyo, en 1881, il fonde le Judo Kodokan en 1882 et devient assistant à l’Ecole Gakushuin (réservée aux pairs du Royaume). En 1889, il effectue une première mission en Europe comme attaché du Ministère de la Maison Impériale. Il devient Conseiller au Ministère de l’Education Nationale pour lequel il effectuera de nombreuses missions à l’étranger. Parallèlement, il sera proviseur de plusieurs grands lycées du Japon. Kano est nommé membre du Comité International Olympique (C.I.O.) en 1909. Il crée une section de formation de professeurs de Judo au sein du Kodokan en 1911 et fonde, la même année, l’ “Association Athlétique du Japon” dont il devient le Premier Président. Il assista aux J.O. de Stockholm en 1912, puis Anvers en 1920, Amsterdam en 1928, Los Angeles en 1932 et Berlin en 1936. Le 1932 , est créé au Kodokan la société de recherches médicales sur le Judo. Dans le but de proposer Tokyo comme ville d’accueil des prochaines olympiades, il retourne en Europe en 1933. Le 4 mai 1938, Kano meurt d’une pneumonie sur le paquebot qui le ramenait du Caire, à la suite d’une Conférence du C.I.O. A titre posthume, il obtient le 2ème rang impérial (très haute distinction récompensant les services rendus à l’Empereur).
Kano est un homme de son temps. En valorisant l’activité corporelle, les systèmes d’éducation physique élaborés vers la fin du siècle dernier poursuivent tous des objectifs similaires: former des corps sains, vigoureux, et forger des caractères aptes à mieux servir la nation. D’autres contextes, d’autres sensibilités personnelles comme celles de Pierre de Coubertin ou de Georges Hébert ont abouti à des méthodes contemporaines de la naissance du Judo.
Si le Judo peut, extérieurement, paraître le fait marquant de la vie de Kano, on doit souligner l’importance de sa carrière au sein du Ministère de l’Education Nationale et son rôle est déterminant dans la définition des bases du sport et de l’éducation physique au Japon. Sa vie toute entière est dédiée à une cause qu’il définit en ces termes: “Rien n’a plus d’importance que l’éducation ; l’enseignement d’un seul homme sage peut atteindre des multitudes et le savoir d’une génération peut profiter à cent autres.”
Né dans une famille de commerçants prospères et influents, Kano bénéficie d’une éducation réservée aux étudiants de son rang social. Attiré par les sports “modernes” comme le base-ball, Kano l’est aussi par les arts martiaux. Dans ses mémoires, il explique les raisons initiales d’un choix qui mêlera tradition et modernité.
Le judo de Kano est avant tout un système d’éducation. Il est fondé sur un principe d’équilibre entre “trois cultures“, intellectuelle, physique et morale, dont seul le développement harmonieux peut garantir le progrès de l’individu et, par conséquent, son utilité pour la société. Kano écrit: “Quelque excellente que ce soit la santé d’un individu, son existence reste vaine s’il ne la met pas au service de la société“. Sa méthode s’appuie sur les formes ancestrales de combat, mais les finalités divergent. Pour bien marquer cette différence, Kano met un soin particulier à choisir le nom de sa méthode. Il introduit une rupture sémantique révélatrice de ses intentions. “Pourquoi j’appelais ceci Judo au lieu de jujutsu? Parce que ce que j’enseigne n’est pas seulement jutsu (art ou pratique). Bien sûr, j’enseigne jutsu , mais c’est sur do (coie ou principe) que je voudrais insister spécialement. Le Judo Kodokan que j’enseigne a, comparé à l’ancien jujutsu, des visées plus vastes, et différentes en techniques, de sorte que je pouvais lui donner un nouveau nom.”
Il existe deux autres raisons pour lesquelles j’évitai le terme “jujutsu“. L’une est qu’il y avait des écoles de jujutsu qui souvent se laissaient aller à pratiquer de violentes et dangereuses techniques, en projection ou en torsion de bras ou de jambes. Voyant ces choses, beaucoup de gens en venaient à penser que le jujutsu était malfaisant; de telle sorte que le jujutsu était méprisé et regardé comme une chose pouvant avoir une influence néfaste sur les jeunes hommes.
“La seconde raison est celle-ci. Lorsque je commençais à enseigner, le jujutsu était tombé en discrédit. Quelques maîtres de jujutsu gagnaient leur vie en organisant des troupes composées de leurs disciples et faisaient des combats exhibitions, pour lesquels l’entrée était payante. D’autres allaient jusqu’à se faire les acteurs de combats entre lutteurs professionnels de sumo et pratiquants de jujutsu. De telles pratiques dégradantes prostituaient un art de combat et me répugnaient”.
La démarche éducative énoncée dans le principe des “trois cultures” se concrétise dans les procédés d’apprentissage : le randori et le kata sont des éléments de base de l’enseignement dispensé par Kano. Ils sont renforcés par les moyens complémentaires que représentent le shiai, compétition, et le mondo, entretiens que Kano aimait à utiliser avec ses élèves. Exercice courant dans d’autres écoles, le randori est une forme d’entraînement où l’entière liberté de choix est donnée à chacun. Kano lui donne une définition éducative : “Durant le randori, personne ne peut deviner ce que son adversaire va faire; ainsi chacun doit être prêt à faire face à une attaque soudaine de l’adversaire. L’habitude d’une telle attitude mentale développe un haut degré de maîtrise et de lucidité“.
Jugé imparfait car trop axé sur la spécialisation du corps, l’exercice est complété par le kata, ou formes pré-arrangées. Laissée un temps à l’initiative des judokas expérimentés, la pratique des kata prend rapidement une part importante dans l’enseignement du Kodokan. Elle équilibre l’engagement physique du randori et donne au judo sa dimension culturelle et éducative. Kano affirme : “En cela, je n’ai pas prêté une importance exagérée à la dimension compétitive de l’exercice, comme cela était le cas précédemment, mais j’ai cherché une combinaison d’exercices destinés au combat et à l’entraînement de l’esprit et du corps“. La notion de kata est indissociable des arts martiaux et sa pratique se retrouve jusque dans les bujutsu classiques. C’est un “langage de la forme” qui appartient à la culture japonaise et concerne un grand nombre d’activités. La formulation des kata du judo Kodokan reprend les grands axes de la méthode. Le nage no kata, formes de projections, est apparemment le premier à avoir été établi dans les années 1890. Vers la même époque, sont définis le katame no kata (formes de contrôle au sol) et le kime no kata (formes classiques de défenses individuelle). Les différents kata peuvent être regroupés en quatre catégories (exercice libre, affrontement, préparation physique, théorie) qui rejoignent les finalités initiales du Judo de Kano: le développement physique du corps, la formation de l’esprit, l’efficacité combative.
La réflexion théorique donne lieu à l’élaboration d’un système spécifique, le go kyo no waza (cinq principes de technique), qui met en forme les contenus d’enseignement. L’école de Kano substitue l’analyse construite aux procédés globaux et intuitifs du bujutsu et du budo traditionnels et se démarque, une nouvelle fois, des écoles classiques. Fruit d’un travail collégial et d’un affinement progressif, la hiérarchie des techniques de projection est organisée à des fins pédagogiques. Etabli en 1895, en fonction de la complexité et de la difficulté de chaque geste, le go kyo no waza reste un objet d’étude et de recherche.